Chronique du reconfinement 5
par Sophie Maegerlin | 06 11 2020
C’est en cherchant l’inspiration et devant son absence, que j’en suis venue à m’interroger sur le mot même «d’inspiration». Décidément, tout semble ramener à la respiration, à l’inspir, à l’expir.
De façon très naturelle, nous cherchons l’inspiration à l’extérieur, comme on cherche l’air pour remplir ses poumons. Nous jetons notre filet sur le monde pour en pêcher les trésors et nous ramenons cette pêche miraculeuse pour en faire notre miel. L’écriture est une alchimie, un processus de transformation. C’est dans ce creuset mystérieux que l’inspiration se prépare à l’expiration: à sa délivrance sous forme «d’œuvre».
Le vide devant lequel nous place le manque d’inspiration pourrait paraître enviable. Il pourrait être le signe d’un «arrêt» de la respiration. Le genre «d’arrêt» qui selon Patanjali précède le samadhi, et s’avère la fonction-même du Yoga. Quand l’inspiration ne se produit pas, l’expiration, ne peut effectivement avoir lieu et l’œuvre reste parfaitement vide. Quand les tourbillons de la pensée deviennent des lacs d’altitude, calmes comme des miroirs, ils reflètent les sommets, sans en être affectés. Alors, le temps est suspendu.
Cependant, mon manque d’inspiration est davantage un signe des temps que la marque d’une réalisation, aussi ténue soit-elle. Les vrittis quotidiens ne reflètent pas les neiges éternelles, ils envoient d’inconstants signaux comme des phares déréglés hoquetant dans le brouillard. A la rame, je cherche le passage, je tente de trouver une issue, je ne m’applique pas seulement à comprendre, c’est devenu insuffisant par les temps qui courent, je tâtonne, je scrute, j’hume, j’affute mes sens et je redeviens sauvage.
N.B La chronique du reconfinement 4 se résume à une image que vous pouvez consulter en suivant ce lien: Chronique du reconfinement 4
SOPHIE MAEGERLIN Sophie Maegerlin
SOURCE DE CETTE PUBLICATION: @sophie.maegerlin
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